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Environnement et développement équitable

Dis-moi ce que tu manges...

Laure Waridel, sociologue et auteure

... et je te parlerai de l'état de santé de nos campagnes et de ses habitants. J'ai vu des terres érodées, des cours d'eau pollués, des champs homogénéisés et des sols contaminés. J'ai vu des agriculteurs angoissés. J'en ai vu pleurer parce que leur voisin s'était suicidé. Nombreux ont cessé d'exercer leur métier. Chaque semaine, au Québec, on abandonne l'équivalent de cinq fermes, selon les données de Statistique Canada. La tendance est la même partout sur la planète, d'après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO). Partout, on mesure l'ampleur de la crise environnementale, sociale et économique provoquée par un système agroalimentaire déconnecté de la réalité des champs et des gens.

J'ai grandi dans un petit village de la Montérégie. Mes parents étaient agriculteurs d'un côté comme de l'autre depuis aussi longtemps que l'on s'en souvienne. Mon point de vue n'est donc pas celui d'une «urbaine», même si j'habite Montréal depuis plusieurs années. Du haut du silo à côté de la grange de mes parents, j'ai vu la campagne se transformer. Mes inquiétudes quant aux rapports qu'entretiennent les humains avec les écosystèmes qui les nourrissent se sont confirmées en étudiant et en voyageant.